Les questionnements, c’est déprimant et la déprime, bien c’est barbant. Mais que devrais-je faire avec tous ces questionnements si ce n’est, justement, que de tenter d’y répondre? Et que faire si, en tentant d’y répondre, je ne réussis qu’à déprimer davantage?
Où se terre donc le ver solitaire qui me consume de l’intérieur? Solitaire, c’est ce que je présume, mais peut-être sont-ils plusieurs à se nourrir de mon positivisme d’office pour faire de moi un être léthargique dépourvu de toute ambition.
J’ai déjà eu des rêves, mais je doute qu’un jour ils aient vraiment été miens. Je me suis toujours conformée à ce qu’il fallait faire, à ce que devait être une « vie réussie », et quand j’en ai eu assez, quand je n’ai plus su faire autre chose que de rendre les armes sous peine d’étouffer, j’ai tout simplement explosé chaotiquement, sans que quiconque puisse comprendre d’où tout cela provenait. Mais maintenant que j’ai foutu en l’air ce qu’était ma vie « si réussie », je ne sais plus quelle direction prendre, il ne me reste qu’en de brefs instants un mince filet de conscience refaisant surface, une idée brumeuse de qui je suis et de ce que je veux faire de ma vie qui a tôt fait de redisparaître dans les abîmes de ma confusion.
À la minute où j’ai cessé de croire au modèle préfabriqué de ce que devait être la vie, j’ai perdu ma boussole, préfabriquée elle aussi. Je n’ai plus su vers quoi me diriger, ce qui valait la peine d’être vécu, quels étaient mes rêves s’ils ne devaient plus être ceci ou cela, le néant, un trou noir. Que voulais-je vraiment faire de ma vie désormais? Surtout, pour quels motifs? Pour moi ou pour les autres? Parce que j’en ai envie ou parce que cela paraît bien?
Est-ce normal d’avoir l’impression, lors d’une remise en question, d’être encore plus mal en point et perdu qu’avant d’avoir pris la décision de tenter une réorientation? À en voir comment je me sens aujourd’hui, on dirait bien que oui…